Pierrette et le loup

Il était une fois une jeune fille bien naïve, amoureuse d’un jeune loup promis à devenir futur chef de meute. Le loup, fier et cocasse, séduisait la jeune effrontée, bombant son torse velu comme le paon exhibe ses plumes d’apparat. Rouge de plaisir honteux, la jeune impertinente se laissa aller à cette cour si flatteuse et convint d’un rendez – vous romantique sous une belle lune d’été.

Mais la jolie lune n’eut pas le plaisir d’éclairer ces deux tourtereaux, car monsieur le loup se dégonfla si vite que son torse en redevint tout raplapla.

Pierrette déçue mais néanmoins têtue, se vêtit de ses plus beaux atours pour piéger l’animal indomptable dans ses filets. Aveuglé par ces atouts si joliment mis en évidence par cette damoiselle aux charmes irrésistibles, monsieur le loup se sentit pousser des ailes et le courage vint à nouveau gonfler sa poitrine si rassurante. Rendez-vous fut pris le soir même, mais le louveteau avait oublié un diner prévu avec sa bande et se vit contraint de reporter bien malgré lui, au lendemain de cette journée.

Le jour venu, prête pour cette jolie soirée, elle attendit en vain le louveteau à la grande gueule, lorsqu’enfin vint se poser à ses pieds un pigeon voyageur, porteur d’une nouvelle décevante. Trop de travail avait épuisé la pauvre bête et celle-ci ne serait pas d’humeur badine ce soir.

Coupable d’autant d’écarts, le loup se confondit en plates excuses et bouquets de roses rouges et parfumées. Boudeuse et rancunière, la belle se laissa malgré tout convaincre et accorda un énième rendez-vous à la bête. Beau comme un astre, celui-ci attendait patiemment sous le clair de lune que sa promise fisse son apparition. Mais à part le vent et les feuilles des arbres, rien ne bougeait à l’horizon.

Douteuse des belles paroles de son loup, Pierrette avait décidé cette fois-là de ne plus perdre son temps et estima que c’était pour elle la décision la plus sage de ne pas se rendre à ce rendez-vous, qui n’était rien d’autre qu’un leurre.

Malgré ses plus beaux pièges, Pierrette ne capturerait pas le loup pour le ramener dans son jardin fantastique. Et le loup qui criait à l’amour, n’aurait jamais le privilège d’être pris au sérieux par sa jolie Pierrette.